Amélioration de la protection des enfants des rues, victimes d’exploitation à Murree, Pakistan
Avec une population de 90 millions d’enfants, un faible taux d’alphabétisation (49.9%), environ 25% de la population vivant en deçà du seuil de pauvreté, de nombreux déplacements de population suite aux désastres naturels (tremblement de terre de 2005, inondations de 2010 et 2012) et des opérations militaires dans le nord, le Pakistan est actuellement confronté a un défi gigantesque et croissant pour assurer le respect de la convention internationale des droits de l’enfant. La paupérisation de la population pakistanaise a généré un accroissement du nombre d’enfants mise en situation de travail et d’abandon scolaire. Par conséquent, des enfants et des familles se sont déplacés des zones rurales vers des centres urbains et se sont mis à la recherche d’un travail ; La rue est devenue un des moyens de subsistance pour les familles mettant en première ligne les enfants en situation de grande vulnérabilité ; prostitution et exploitation se sont multipliées également y compris dans les zones du projet ;
Cependant, à ce jour, aucune mesure n’a réellement été prise, aucune structure établie pour lutter contre ces phénomènes. Pour information, la traite des êtres humains n’est toujours pas reconnu comme un crime malgré une vaine tentative du Ministère des Droits de l’Homme en 2012-2013 de proposer un amendement dans le code pénal pakistanais…
LE PARTENAIRE
VISION est une organisation non gouvernementale présente dans 3 villes du Pakistan: Lahore, Abbottabad et Muree. Depuis plus de 5 ans, son objectif principal est de fournir les nécessités de base aux enfants des rues et de se battre pour que ces derniers puissent exercer leurs droits fondamentaux. En outre, VISION oeuvre à protéger ces enfants de toutes formes d’abus tels que les abus psychologiques, physiques, sexuels, la torture, l’exploitation. Afin d’atteindre ces objectifs, Vision a développé certaines activités pour les enfants :
- Contact en milieu ouvert avec les enfants des rues et développement d’une relation de confiance avec ces derniers.
- Sélection d’un endroit accessible aux enfants, où il n’y aucune obligation de rester ou de partir, un endroit où l’enfant peut vivre facilement, avec intérêt, apprendre à lire et à écrire, à dessiner, à imaginer des histoires et où l’enfant peut verbaliser, parler de ses problèmes.
- Offrir à l’enfant protection et soin et, si ce dernier est d’accord, le ramener auprès de ses parents, dans son foyer véritable.
- Suivre l’enfant après que ce dernier eut rejoint sa cellule familiale.
En complément à ces activités, certaines actions sont mises en place afin d’améliorer les compétences des travailleurs sociaux, des éducateurs, de manière à ce que l’enfant bénéficie de services de qualité tant en milieu ouvert qu’en milieu fermé (centre de transit) :
- Formation des travailleurs sociaux et des éducateurs
- Création de matériel écrit et pictural afin de faciliter la communication et le développement de l’enfant.
- Etablissement d’un réseau via les équipes de terrain/les éducateurs présents dans les centres d’accueil afin de créer un environnement propice à la protection de l’enfance.
- Suivi et évaluation des équipes de manière à recevoir un retour sur les actions menées ainsi que des suggestions pour améliorer la qualité du travail destiné à renforcer la protection des enfants.
LE PROJET
Durant ces dernières années, la situation nutritionnelle du Pakistan a empiré et les organisations de la protection de l’enfance ont vu arriver un nombre croissant d’enfants dans les rues, à la recherche d’un moyen de subsistance et à fortiori dans les grandes villes. Des enfants du Sindh, du Punjab et surtout de la province de Khyber Pakhtunkwa sont présents dans le centre du Pakistan mais aussi en particulier à Muree.
Ces enfants survivent en vendant des objets dans la rue, en cirant les chaussures, en mendiant, ou en se prostituant. Peu de soutien -voire aucun dans beaucoup de cas- n’est offert à ces enfants qui ont besoin d’être urgemment protégés du pire, ceci de manière structurée et durable. Il est en fait impératif de mettre en place un cycle de protection de l’enfance qui vise à construire l’enfant et à assurer son bien-être et son développement. Ce projet va donc tenter de mettre en place un de ces systèmes de protection de l’enfance en impliquant fortement les communautés locales afin de garantir la durabilité de l’action.
OBJECTIF
L’objectif de ce projet est d’améliorer la protection des enfants des rues particulièrement vis à vis des abus sexuels et de l’exploitation. Cet objectif sera atteint grâce à la délivrance directe de services exhaustifs aux enfants des rues.
ZONE DE MISE EN OEUVRE DU PROJET
Muree constitue un centre d’exploitation commerciale et sexuelle qui abrite un nombre croissant d’enfants victimes d’exploitation sexuelle. C’est ce que démontre une étude conduite par VISION à Muree en 2009. De récentes consultations tenues entre les réseaux locaux de protection de l’enfance et la FIA (Agence d’Enquête Fédérale) montrent que la traite d’enfants a clairement augmenté ces dernières années…
LES ACTIVITES DEPUIS LA PREMIERE ANNEE DU PROJET
Activité 1 – Identification continue des endroits clés où vivent les enfants des rues, où ils travaillent et familiarisation avec ces enfants; les points de transit de ces enfants ont déjà été identifiés via l’étude menée par Vision, cependant, dans la mesure où les enfants victimes sont « mobiles » et dans la mesure où Peshawar est l’objet d’un plan de développement, il est nécessaire de vérifier régulièrement quels sont les enfants présents dans le réseau d’exploitation local. A ce jour les endroits clés identifiés sont :
- LariAdda (arrêt de bus)
- Mall road
- Cantt Plaza (zone de parking)
- Kashmir point
Cependant, ceci ne veut pas dire que le reste de la ville est sécurisé pour ces enfants. Ainsi, certaines maisons ou certains établissements présentent des fonctions évolutives en fonction du temps et des circonstances: un endroit qui constitue un mini cinéma la journée peut être transformé en dortoir pour enfants la nuit, etc. De la même manière, les sous-sols des hôtels constituent des zones dangereuses pour les enfants (filles et garçons). Enfin, il est important de noter que les enfants sont généralement emmenés vers Muree en groupe et que souvent, on retrouve ces mêmes groupes en train de vivre dans les sous-sols de ces hôtels.
En outre, certaines populations d’enfants ont tendance à rester sur Mall Road (une zone de Muree où se retrouvent de nombreux touristes) pendant de longues heures, jusqu’à parfois très tard dans la nuit. En conséquence, 3 membres de l’équipe de VISION « gèrent » ces zones de danger nocturne afin d’éviter que les enfants ne soient agressés dans cette zone. Toutefois, l’équipe de Vision a été sollicitée à plusieurs reprises par les enfants pour être escortés la nuit sur le chemin qui les ramenait à leur « résidence ». Il était évident que certains d’entre eux avaient véritablement peur de certaines rencontres.
Enfin, pour atteindre ces résultats, 48 réunions hebdomadaires (dont 12 durant ce trimestre) ont été organisées afin de former et suivre les équipes destinées à travailler en milieu ouvert.
Activité 2 – Sessions de développement et de soins pour 320 enfants en milieu ouvert, par l’équipe de Vision et en utilisant des outils développés par Acting For life et ses partenaires GD-Pakistan, Sanjog tels que : Malamaal, Band of Creative Ideas (Boite à outils), livre d’histoire sur les transformations corporelles à la puberté.
Résultats :
A ce jour, depuis le début du projet, 758 enfants ont été contactés par l’équipe de Vision en milieu ouvert dont 43 dans ce trimestre de début de deuxième année. Dans ce contexte, ces enfants ont été sensibilisés et formés à l’autoprotection, et ont bénéficié des services précisés ci-dessus. Afin également de faciliter les contacts, interactions qui vont concourir à leur développement personnel, les enfants ont été encouragés à participer à des activités en plein air tel que le badminton, le dessin, le conte, l’éducation non formelle. Au cours de ces activités, les travailleurs sociaux génèrent des discussions concernant les différent problèmes auxquels les enfants sont confrontés, c’est, pour ces derniers, l’occasion d’exprimer leur opinion ou de partager des expériences. Pour les éducateurs c’est une opportunité pour équiper davantage l’enfant avec des informations qui protègent son intérêt.
La plupart des violences rapportées par les enfants relevant de l’abus sexuel, du harcèlement, de la maltraitance et de l’exploitation. En conséquence, les travailleurs sociaux ont pris soin, lors de certaines discussions avec les enfants, d’aborder les types de violence susmentionnées, de parler de la manière de s’en protéger, le « savoir demander de l’aide » est également traité. De plus, l’importance du groupe et la sécurité que ce dernier peut apporter à un certain moment, à un certain endroit est souligné.
Enfin, les enfants sont également sensibilisés au danger de la drogue.
Activité 3 – Gestion d’un centre d’accueil pour les enfants à Muree. « Vision » garantit la délivrance sécurisée de services de réinsertion et de développement de l’enfant afin de répondre à l’abus et à l’exploitation.
Résultats :
4 membres de l’équipe de Vision ont été formés à la protection de l’enfance dans le contexte d’un milieu fermé. Ils sont régulièrement suivis par le coordinateur de projet. Le personnel soignant du centre d’accueil participe activement aux réunions hebdomadaires ; ils peuvent ainsi échanger des thématiques telles que l’approche des enfants ou le développement de relations avec les membres des communautés, et développer leurs compétences en matière de communication effective ou de rédaction de rapports. En exemple, le personnel soignant a bénéficié d’un accompagnement par l’équipe de Vision afin de mieux appréhender des enfants qui se battent fréquemment et afin de savoir générer des échanges lors d’activités quotidiennes avec des enfants afin d’en apprendre plus sur leur situation. Le centre d’accueil est opérationnel et sert aussi de centre éducatif pour les enfants des membres de la communauté locale (à des horaires/moments différents) de manière à générer le soutien de la communauté. Depuis le début du projet, les membres de la communauté ont donc donné du matériel scolaire, des vêtements pour les enfants des rues qui venaient plus tard dans le centre d’accueil. Ceci est un pas significatif pour construire la pérennité du projet, un pas important vers l’acceptation de l’autre ;
Activité 4 – Délivrance quotidienne de fournitures et de services de soutien à 120 enfants des rues dans le centre d’accueil. Tout comme en milieu ouvert, Vision utilise des outils alternatifs tels que la version « milieu fermé » du Malamaal, Bhaid, Aflatoon, bank of creative ideas (boîte à outils), outils sur la sexualité, développés par Acting for Life, Group Development Pakistan et Sanjog, avec les enfants. Ces activités visent à renforcer les mécanismes d’autoprotection chez l’enfant, et consistent à fournir de la nourriture, un soutien psycho-social, économique, une assistance médicale, une sensibilisation à l’hygiène, aux droits de l’enfant et à la violence basée sur le genre.
Résultats : L’équipe de Vision a réussi à construire et maintenir des rapports cordiaux avec les agences locales de sécurité afin de garantir la mise en place mais aussi la sécurité du centre d’accueil. Vision essaye en outre d’obtenir une réunion avec Child Protection and Welfare bureau (CPWB) – Bureau de la Protection et du Bien Etre de l’Enfant, afin de signer un accord de coopération pour assurer l’existence de ce centre d’accueil sur le long terme.
Depuis le début du projet, 125 enfants ont été accueillis dans ce centre dont 22 durant ce trimestre.
Les sessions quotidiennes avec les enfants se sont concentrées sur le développement de la personnalité, la reconstruction de l’estime de soi, de la confiance en soi, sur l’éducation non formelle, sur la sensibilisation à l’abus sexuel et à l’exploitation commerciale et sexuelle, sur la nutrition, l’éducation non-formelle, sur le développement des compétences intellectuelles. De régulières sessions de soutien psycho-social ont lieu avec les enfants.
BENEFICIAIRES DU PROJET EN ANNEE 2 :
Durant la deuxième année du projet (période proposée pour bénéficier du soutien de Rainbow Bridge) les bénéficiaires seront au nombre de 320. Il s’agit d’enfants vulnérables à/victimes d’abus sexuels, d’exploitation commerciale et sexuelle, d’exploitation sexuelle. Ces enfants vivent dans les rues de la zone où est menée l’action et sont « gérés » par un groupe ou un « gardien’ qui les exploite. Ce sont également des enfants qui vivent près des points de transit et qui sont donc susceptibles de se déplacer afin de trouver plus facilement du travail et de subvenir aux besoins de leur famille ou encore afin d’échapper à une famille abusive. Ils ont besoin de protection, de nourriture, de soins médicaux, d’éducation, de soutien psycho-social et bien sûr économique. Ils ont été identifiés par le partenaire qui met le projet en oeuvre dans la zone d’intervention.
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